Curcuma
Fiche de synthèse
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Nom commun
Curcuma, safran des indes
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Autre(s) nom(s)
Turmeric (anglais), jianghuang
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Nom(s) scientifique(s)
Curcuma longa
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Famille
Zingiberaceae
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Origine
Inde et Asie du Sud-Est
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Partie(s) utilisée(s)
Rhizomes
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Principaux actifs
Curcumine
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Propriété(s) associée(s)
Anti-inflammatoire | Antioxydant | Antiulcéreux | Hépatoprotecteur
Qu'est-ce que le curcuma ?
Le Curcuma, cette épice aux milles vertus venue d’Orient, possède des propriétés exceptionnelles. Utilisée depuis la nuit des temps comme condiment, teinture ou médicament, la poudre de curcuma est aujourd’hui recommandée comme anti-inflammatoire et antioxydant, mais aussi pour traiter les troubles digestifs. Les recherches concernant le potentiel anticancéreux du curcuma sont en cours et s’annoncent prometteuses.
Origine, habitat et culture
Originaire d’Inde et du Sud-Est de l’Asie, l’utilisation du curcuma remonte à plus de 4000 ans.
Des écrits, dans l’un des plus vieux traités de médecine chinoise (2600 ans avant JC) : le PENTSAO de Sheng Nung, mentionnaient déjà l’utilisation du curcuma, comme traitement contre les douleurs articulaires.
Le mot curcuma, dérive du mot kartouma en Sanskrit, qui a ensuite donné kurkum en persan ancien, prononcé aujourd’hui kourkoum ou kharkoum en arabe.
Le curcuma était utilisé comme épice, comme colorant alimentaire et teinture, mais aussi comme cosmétique et médicament. Cette épice était échangée lors de transactions commerciales, si bien qu’elle s’est rapidement retrouvée dans toute la péninsule arabique, au Proche et Moyen-Orient. C’est pourquoi on retrouve son utilisation aussi bien dans la médecine traditionnelle asiatique qu’arabe.
Le curcuma a toujours eu et a encore aujourd’hui une place de choix pour traiter de nombreuses maladies : contre les problèmes gastro-intestinaux (mauvaise digestion, dyspepsie…) et hépatiques, contre les rhumatismes et arthrites, comme anti-inflammatoire, pour soigner le rhume (mélangé à du lait chaud), comme antiasthmatique ou contre les bronchites et les allergies. On l’utilise aussi en décoction pour traiter les problèmes cutanés, les foulures et les entorses.
Cette épice est très présente dans les rites religieux chez les hindous. Elle est utilisée durant les mariages et les naissances car symbole de bonne augure. La poudre de curcuma est, aussi bien en Asie qu’en Afrique, une base pour de nombreux produits de beauté.
Le Curcuma est cultivé dans les régions tropicales et subtropicales, mais majoritairement en Inde et en Asie du Sud-est. Il pousse à des altitudes comprises entre 400 et 1000 mètres d’altitude. Cette plante demande un climat chaud, entre 30 et 35°C, humide, un sol argileux et bien drainé ou des limons fertiles, et un pH compris entre 5 et 7,5. Il pousse à mi ombre, sous les arbres. Six ou sept mois après la plantation, lorsque les feuilles et la tige ont séché, les rhizomes de curcuma sont prêts à être récoltés. Les rhizomes seront ensuite bouillis, séchés puis réduits en poudre.
Il existe près de 80 espèces dans le genre curcuma, cependant la plus connue et la plus utilisée est la Curcuma Longa.
Apparence, composition et format
Curcuma Longa est une plante herbacée, vivace, rhizomateuse pouvant atteindre un mètre de haut. Elle appartient à la famille des Zingiberaceae.
Ses feuilles oblongues sont très longues, elles entourent l’inflorescence qui est constituée d’un épi pouvant mesurer une vingtaine de centimètres. Les fleurs sont généralement blanches ou jaunes, et on retrouve une bractée au sommet de l’épi de couleur rose.
Les rhizomes de couleur brun-gris à l’extérieur, sont durs et écailleux, quant à l’intérieur il est de couleur jaune orangé.
On recueille deux types de rhizomes : les principaux qui donneront le curcuma rond et les secondaires qui donneront le curcuma long, les propriétés étant identiques.
Il se dégage du rhizome du curcuma une odeur forte et aromatique due à la présence d’une huile essentielle composée d’une fraction volatile et d’une fraction non volatile. Le goût est épicé, chaud et légèrement amer.
Les principaux composés chimiques de la fraction volatile sont des monoterpènes et des sesquiterpènes, la fraction non volatile est constituée de curcuminoïdes qui sont des dérivés phénoliques responsables de la couleur du rhizome.
50 à 60 % des composés phénoliques sont la curcumine, la déméthoxycurcumine et la bisdéméthoxycurcumine.
On trouve également dans le curcuma 64,9% de glucides, 7,8% de protéines, 9,9% de lipides, 11,4% d’eau, des minéraux, des vitamines C, B1, B2, B3, B9.
Le curcuma peut être consommé sous différentes formes : en gélule, en teinture mère, mais aussi en décoction ou infusion. On peut aussi la consommer en poudre directement dans l’alimentation.
Propriétés et effets recherchés
Les usages ancestraux ont été confirmés par de nombreuses études cliniques. En règle générale, seul la curcumine a fait l’objet de recherches car c’est le principe actif de cette racine qui présente le plus d’effets bénéfiques pour la santé.
Activité anti-inflammatoire
Les premiers travaux réalisés dans les années 70 ont pu démontrer l’activité anti-inflammatoire chez le rat et la souris. La curcumine s’est dès lors révélée être efficace sur les inflammations aiguës et chroniques. D’autres essais réalisés sur des lapins ou encore chez l’homme ont permis d’affirmer que :
- La curcumine présente une activité anti-inflammatoire au moins aussi importante que les corticoïdes avec une toxicité moindre.
- La curcumine associée à un autre anti-inflammatoire (ex : famille des coxib, aspirine, phénylbutazone), permettrait d’en potentialiser l’effet et d’en diminuer les effets indésirables gastriques.
La curcumine agit à différents niveaux de la cascade inflammatoire (inhibition de la phospholipase 2, de l’acide arachidonique, des COX2, de la lipooxygénase, les cytokines inflammatoires, TNF α et le facteur NF-κB…).
Grâce à son mécanisme d’action, le curcuma peut être utilisé comme anti inflammatoire dans de nombreuses pathologies : rhumatisme, asthme, athérosclérose, cancer, maladie autoimmune (la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, la maladie de Crohn, le psoriasis et la rectocolite hémorragique) …
La curcumine peut donc être une bonne alternative aux anti-inflammatoires (bonne efficacité et toxicité moindre), mais elle permet aussi d’agir en synergie avec un traitement médicamenteux anti-inflammatoire pour en potentialiser les effets et en diminuer les effets indésirables gastriques.
Activité anti-oxydante
Les extraits de curcuma permettent de diminuer, voire de supprimer, la production de l’oxyde nitrique qui est un agent pro-inflammatoire puissant. Ils permettent aussi de capter les radicaux libres (anions superoxydes, radicaux hydroxyles…), de protéger les cellules contre le stress oxydatif, de prolonger l’activité des enzymes anti-oxydantes : la superoxyde dismutase, la catalase, la glutathion peroxydase, mais aussi de réparer les dommages causés par les radiations sur les protéines.
Activité au niveau digestif et hépatique
Le curcuma s’est montré efficace sur les ulcères gastroduodénaux, ce dernier a favorisé la guérison des lésions et diminué la douleur. Sur les modèles animaux, on a pu observer une stimulation de la production du mucus gastrique favorisant ainsi sa cicatrisation et sa protection.
Le curcuma est efficace pour la réduction des gaz intestinaux et a un effet hépatoprotecteur.
Potentiel anti-cancéreux
Aujourd'hui, on sait que l’oxydation cellulaire et les phénomènes inflammatoires ont une part importante dans la genèse des cancers. Grâce à ses propriétés anti inflammatoires et anti oxydantes, la curcumine montrerait un effet inhibiteur sur la cancérogénèse de différents types de cancers (côlon, pancréas, foie, sang…) et à différents stades. Le curcuma agirait sur trois étapes clé de la carcinogénèse : l’initiation, l’angiogenèse et la croissance tumorale.
On a administré de la curcumine à des souris ayant des tumeurs cutanées ou des polypes cancéreux : il a été constaté une baisse du nombre et du volume des tumeurs. Différentes études ont montré que les extraits de curcuma permettraient d’induire l’apoptose (mort cellulaire programmée) chez les cellules cancéreuses. Certains cancers y répondent bien, mais d’autres sont encore réfractaires.
Dosage et posologie
Utilisation en tant qu’anti-inflammatoire
De 800 à 1200 mg par jour à répartir au moment des 3 repas
Contre les troubles digestifs
De 1500 à 3000 mg par jour à répartir au moment des 3 repas
Contre-indication, danger(s) et effet(s) secondaire(s)
L'obstruction des voies biliaires est une contre-indication. A ce jour aucune toxicité, ni interaction n’a été observée.
Associations suggérées
Augmenter la biodisponibilité du curcuma : Gingembre, poivre noir ou Fenugrec
La curcumine ayant une faible biodisponibilité, il est intéressant de l’associer à du poivre car la pipérine contenue dans ce dernier va permettre de décupler cette biodisponibilité. Une autre association peut augmenter la biodisponibilité : la broméline (présente dans le gingembre et l’ananas).
Pour augmenter la biodisponibilité, il est préférable de consommer le curcuma durant le repas, en effet les corps gras vont faciliter son assimilation.
Potentialiser l’effet anti-inflammatoire : Harpagophytum, Ashwagandha et Boswellia
Anti-inflammatoire : Resvératrol, Réglisse
Protection cardiovasculaire et antioxydant : Ail
Post traumatisme - Convalescence : Klamath
Protection du cartilage et de l’os : Cassis
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